Éditorial - 27 juillet 1967
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La Nouvelle Génération
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Le temps de Duplessis, c'est fini! La majorité d'entre vous n'ont jamais appris que, parmi ses promesse électorales, l'ancien premier ministre, natif de Trois-Rivières, avait promis que si un libéral était élu, le pont de Trois-Rivières ne serait jamais construit. Et il a tenu parole, lorsque ce dit libéral a pris le poste. Par des jeux de pouvoir et d'influence, s'apparentant au patronage et à la corruption, il a empêché la cité de prospérer.
Des idées arriérées comme celles-là, on n'en veut plus!
Quand Louis-Joseph Marceau, notre propriétaire, et Jean-Pierre Mukari, son partenaire d'affaire, m'ont demandé de rédiger cet éditorial, le premier de ce nouveau journal, j'ai voulu savoir ce qu'ils attendaient de moi. Louis-Joseph m'a tout simplement dit: "Paul, tu sais mieux que moi ce que les gens ont besoin d'entendre. Tu es jeune, plein d'avenir, et tu comprends les changements de notre société." Il m'a laissé carte blanche, et j'entends lui faire honneur à cet effet.
Le Québec, le monde entier, traverse un moment critique de transformation et de réforme sociale, et il n'attend que nous pour provoquer ce changement dans la bonne direction.
Je suis né à Bellevue en 1941. J'ai maintenant 26 ans, et je suis l'éditorialiste en chef d'un journal populiste. Dans quelle autre réalité est-ce que ceci aurait pu se produire? Mes études en journalisme, mon militantisme et même mon dossier criminel ont fait de moi un ennemi de l'establishment, et un ami du peuple. Je veux être celui par qui vos frustrations reçoivent une voix. Je n'ai pas peur de proclamer haut et fort que notre société est injuste, mais je sais aussi que nous avons le pouvoir de la changer.
Les gens ne cessent de dire que la jeunesse est l'avenir du pays: il est temps de laisser cette jeunesse prendre les rênes du pouvoir.
Ce 24 juillet dernier, le président français, Charles de Gaulle, a proclamé haut et fort dans la métropole: "Vive le Québec libre!" Moi, je réitère son cri, en le transformant pour le rendre plus personnel. "Vive Bellevue libre, libre du patronage, libre de la corruption, libre de devenir le joyau du Québec, la belle ville où tous viendront, la nouvelle Mecque, Rome ou Jérusalem."
Scandez-le haut et fort. Bellevue peut être le berceau d'un avenir prospère et grandiose, si nous avons la force de nos convictions.
- Paul Murray, éditoraliste en chef pour La Fronde