Vae Victis
Par Benjamin Williams
C'est en désespoir de cause que fais aujourd'hui sortie dans le seul média plus crédible que les journaux qui ont appris en grande primeur la déroute totale de mon entreprise. Les journalistes-enquêteurs experts qui se sont penchés sur le dossier ont su voir tous les signes subtils d'une faillite: l'octroi de commandites à des œuvres artistiques afin d'améliorer l'image de la cité, des campagnes de publicité d'une envergure immense, l'acquisition de parts de sociétés médiatiques, les projets d'expansion à Québec, le financement de projets publics favorisant l'emploi à Bellevue et la remise sur pied d'un journal local sont autant de symptômes d'une gestion déficiente d'une entreprise en régression qui s'écrase inexorablement sur le sol comme un avion de ligne piloté par un homme-tronc aveugle, borgne de surcroît.
J'aimerais lancer un message à mes actionnaires: fuyez, pauvres fous! Bien que j'apprécie beaucoup la confiance que les hommes d'affaires ignorants qui constituent le panel d'actionnaires m'ont montré jusqu'à présent, il paraît évident que l'analyse de journalistes aussi sérieux devrait parvenir à les convaincre!
Les problèmes actuellement vécus par Williams Marketing et qui ont été décelés par les estimés journalistes de la ville avant même que j'en sois mis au courant (chapeau d'ailleurs) sont insurmontables. Des problèmes d'approvisionnements en matériaux rares tels que le papier et l'encre, ou encore des ennuis de sous-traitants qui ne fournissent plus à la demande ne sauraient être compensés par un simple appel à un fournisseur ou un centre d'emploi. Combien d'entreprises se sont, par le passé, écroulées devant une demande croissante sans pouvoir se relever devant le nombre toujours plus grand de clients? C'est certes triste, mais Williams Marketing ne serait qu'une autre société victime de son succès.
Je termine en mettant le lecteur en garde: n'écoutez pas ceux qui tenteraient de minimiser cette situation horrible! Ils ne sont là que par sensationnalisme et ne recherchent que les cotes! Ne vous laissez pas berner par le pseudo-journalisme!