Williams Marketing. Je ne sais trop qu'en penser par les temps qui courent.
Ne nous méprenons cependant pas. Je parle uniquement de la filiale de Bellevue - celle qui semble destinée à une morte subite si le 'destin' continue de s'acharner sur elle. Mais peut-être serait-il plus judicieux de la part de la main du destin, parce qu'il me semble évident qu'une main invisible guide les pas vers la destruction d'une compagnie qui, somme toute, ne mérite probablement pas toutes les misères qui tombent du ciel sur elle.
On se rappellera qu'au premier quart, la cote de Williams Marketing grimpait en flèche, rivalisée seulement par l'imposante poussée de McMillan Industries dans la cité. Mais voilà que le deuxième quart s'engage et que brusquement, rien ne vas plus chez ce géant. Et uniquement à l'échelle locale - la maison-mère de Québec file encore le parfait bonheur alors que sa petite soeur bat de l'aile à Bellevue.
Mais récapitulons un peu les péripéties. Tout cela commence par de l'innocente spéculation financière sur le dos de la compagnie, fait de mauvaise foi (du moins à ce que l'on prétend) par les coordonnateurs de la banque de Bellevue, en relation avec la bourse. Un rappel à l'ordre de la mairie met les pendules à l'heure. Mais ce n'était qu'un départ, car peu de temps après, des rumeurs circulent à propos de problèmes d'approvisionnement en ressources élémentaires: encre, papier et autres fournitures de bureau nécessaires à la survie d'une industrie. Des problèmes reliés aux livraisons visiblement, des documents qui n'auraient pas été signés adéquatement, des délais insurmontables et des bâtons dans les roues - presque littérallement - de tout ce réseau de soutien à l'industrie. Mais à l'ère de l'ordinateur et des médias alternatifs, cela n'empêche pas une firme de la taille de Williams de fonctionner.
Reste que le syndicat des Transports de Bellevue intercepte une cargaison de matériel, dans un autobus scolaire, se dirigeant vers les bureaux de l'entreprise. Des approvisionnements clandestins? On se croirait en plein drame d'espionnage, et ici on ne parle de que de crayons et de stylos!
Plus récemment, les employés ont commencé à se plaindre. Des problèmes de paie? Apparemment, une erreur informatique aurait retardé d'au moins trois jours la paie de la majorité des employés du bureau du centre-ville. Qu'à cela ne tienne, Williams offre le lunch gratuit à ses employés pour tenter de compenser. Et on ne parle de sandwichs au jambon, mais bien de nourriture de qualité confectionnée à même les traiteurs de la cité. Puis des problèmes au niveau de la qualité du travail, selon les dires de certains; mais les rendements des employés sont bons, et ce sont des cas isolés, des trouble-fête. Williams écoute les plaintes formelles et prépare un plan de réparation pour les griefs perçus entre les employés et le patronat. Puis des rumeurs de grève de la part du syndicat - mais une grève isolée qu'aucune autre agence de médias ne semble supporter. Toujours des rumeurs qui viennent miner la crédibilité d'une institution qui, depuis cinq ans, a fait ses preuves dans la cité. Les employés veulent apparemment une meilleure répartition des tâches, une augmentation de salaire (alors qu'ils sont déjà parmi les mieux payés de la cité dans leur domaine) et des compensations de vacances supplémentaires. Mais toutes ces requêtes proviennent des syndicats, et non des employés, qui croulent sous la pression de leurs représentants. Et le patronat qui tente encore d'accomoder les différentes requêtes, mais qui se trouve de plus en plus acculé au pied du mur.
La spéculation reprend: on parle maintenant de faillite, alors que le chiffre d'affaire de la compagnie a à peine chuté de 5% depuis le début du quart. MAis ce n'est pas tout: une enquête de fraude risque d'être bientôt lancée contre la compagnie, qui aurait détourné des fonds destinés aux employés et à d'autres organismes de la cité. Surcharges de prix, raconte-t-on.
Mais bordel! Que se passe-t-il?
La réponse est évidente. La filiale de Williams Marketing souffre parce que, quelque part, elle a attiré l'ire et la jalousie de ses confrères. Et la communauté financière de Bellevue l'a prise dans sa ligne de mire.
Reste à savoir où tout cela va mener, mais il est clair que personne n'en sortira gagnant.
Henri Guérin, économiste
Ven 2 Juil - 2:03