En mars dernier, les citoyens ont vu apparaître des symboles ésotériques sur les murs de la cité, gracieuseté du comité de revitalisation de l'Art dans la ville. Avec la thématique de la spirale à l'honneur, les artistes locaux se sont vu octroyer la chance de se mériter des bourses s'il produisaient des pièces thématiques associées, et de nombreux artistes ont plongé sur l'opportunité. Et pendant la presque totalité du mois de mars, la ville s'est faite embellir par des motifs de spirale dans les structures et les oeuvres d'art.
Puis, en avril, la thématique se transforme. Le labyrinthe tombe à l'honneur. Et la manoeuvre recommence. La cité se couvre de ces symboles et la communauté artistique emboîte le pas dans des concours similaires.
Et nous voici en fin juin, et voilà que le comité réoriente encore sa thématique: cette fois, le noeud celtique est à l'honneur. Mais la communauté artistique, visiblement, semble avoir de la difficulté à suivre le rythme. Les projets de la spirale et ceux en trait au labyrinthe n'ayant pas encore officiellement reçu de reconnaissance, les artistes semblent réticents à investir des énergies dans un projet qui ne cesse d'évoluer, visiblement au gré de ses organisateurs.
"L'idée est géniale en soi, " explique Arthur Alain, peintre et sculpteur émerite, "mais il faut de la continuité dans le projet, et il faut surtout que le travail accompli précédemment soit jugé et récompensé avant que les artistes puissent continuer à prodiguer leur art. Nous ne vivons pas d'amour et d'eau fraîche. L'Art pour l'Art, c'est passé."
Peut-être serait-il que le comité de revitalisation et ses alliés réorganisent un peu leur présentation afin que la communauté artistique puisse non seulement suivre le raisonnement, mais en plus en profiter. L'esthétique n'est pas tout: la cohérence de l'oeuvre doit être maintenue.