ÉDITORIAL
Bellevue est une ville vibrante. Personne n'oserait le nier, je crois. Toute cette énergie de modernité qui s'étend sur notre cité la propulse vers les plus hauts sommets, mais le parcours est souvent chaotique. Depuis sa naissance à l'été 1950, Bellevue a connu une poussée fulgurante vers l'avenir, mais les heurts ont été majeurs et les écueils violents. Parfois, nous pouvons avoir l'impression de vivre dans un monde de ténèbres, mais la lumière du phare de Bellevue brille toujours dans la nuit. Pour citer les paroles de notre fondateur, le premier maire, Sorgen Fledgen:
"Tant et aussi longtemps que Bellevue brillera par sa différence et son unicité, tant que les idéaux de coopération, d'entraide et de charité habiteront son coeur, tempêtes et violences pourront s'abattre sur notre cité que rien ne brisera son âme. Car l'âme d'une cité n'est-elle pas sa population, immigrants de toutes souches, de toutes croyances et de toutes cultures, aux philosophies et approches aussi diverses que conflictuelles. Pourtant, je sais, je sens que la paix et l'harmonie entre les gens est chose possible. L'univers nous jettera dans de constants bouleversements, mais je suis convaincu que le rêve de Bellevue, lui, continuera de briller pendant fort longtemps."
Loin de moi l'idée de vous faire la morale ou un cours d'histoire, mais il importe de placer ces phrases en contexte. Québec, 1950. Duplessis. Un monde qui s'ouvre à peine à l'extérieur. Une ville qui précède dans son ouverture les mouvements des années 1960, la révolution des idées, l'Expo de Montréal. Personne n'y croit, à cette pluralité culturelle. Pourtant, Bellevue grandit, accueille les immigrants de partout - Europe, Asie, Afrique, Amérique du Sud. Tous y trouvent refuge.
Pour beaucoup de citoyens, l'idéal de Bellevue n'est pas celui d'une cité tranquille, ou rien n'est remis en question. C'est plutôt le rêve que parmi ces questionnements se trouvent des réponses aux choses qui importent: la fraternité, l'entente, la paix et l'espoir. La violence est chose commune dans notre monde moderne, et nous y sommes presque insensibles parfois. Mais restons-nous impassible devant cette communion des peuples qui fait de notre ville la capitale de la pluri-culturalité?
Bellevue se remet encore une fois d'une crise de violence. Un grand incendie criminalisé à même le cimetière St-Marc. Pourtant, personne ne baisse la tête. Les réfections du cimetière sont en cours, les cérémonies oecuméniques pour resanctifier le lieu sont déjà en cours, sous la supervision des différentes fois, chrétiennes ou musulmane, bouddhiste ou hindouiste, et combien d'autres dénominations qui, ensemble, travaillent à restaurer ce sanctuaire précieux.
Bellevue se remet toujours de ses blessures.
Maintenant qu'elle cherche à se refaire un visage, prions pour elle, et prions pour nous-mêmes, pour que le courage et la détermination qui nous habite, et qui parfois nous fait défaut dans les moments sombres, revienne nous animer.
Bellevue compte sur nous, autant que nous comptons sur elle.
Dim 15 Mai - 11:05